Geraud Soulhiol
Géraud Soulhiol

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http://www.2248m2.com/2010/08/geraud-soulhiol.html


L’oeuvre de Géraud Soulhiol s’apparente à des microfictions où le dessin, par montage, devient un moyen d’investigation et de circulation entre diverses sources iconographiques, élaborant des hétérotopies visuelles où éléments géographiques, naturels, architecturaux, et technologiques se télescopent.
Géraud Soulhiol est diplômé de l’école supérieure des beaux-arts de Toulouse.
Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles et collectives ; en 2018 : Il était une fois le territoire au Centre d’art et de photographie de Lectoure ; en 2017 : Paréidolie, salon du dessin contemporain à Marseille, Co-mutations, Parcours d’art contemporain en Vallée du Lot ; en 2016 : Arena à la galerie 22,48 m² à Paris, Nouveaux Horizons à la galerie jeunes publics du Centre Pompidou Metz ; en 2014 : Jeune Création au Cent-Quatre à Paris, Les esthétiques d’un monde désenchanté au Centre d’Art Contemporain de Meymac, Still Water à la galerie 22,48 m² à Paris.


LE HUBLOT (Dyptique - Série), 2018

Utilisant Google Earth sous la forme d’une installation vidéo, la série Le Hublot constitue une sorte d’introduction aux territoires imaginaires de Géraud Souhliol. À travers le cercle évidé d’un cache noir qui évoque le hublot d’une capsule spatiale, on observe les vues aériennes du monde qui défilent en une lente dérive. On a ainsi l’impression de regarder la surface de la Terre à la loupe, afin de discerner des détails qui restent flous. Offrant la possibilité d’un nouveau point de vue, le logiciel provoque un basculement de l’expérience même de l’image, sur laquelle s’enracinent les rêveries de Géraud Soulhiol dont sont issus ses «territoires fantasmés» et «univers flottants».

« Google Earth© recompose aujourd’hui la planète par un maillage d’images.
Ce logiciel propose une recomposition fascinante. À l’époque des grandes expéditions, des terra incognita, les explorateurs s’entouraient de dessinateurs pour réaliser des cartes et des croquis. Les cartes étaient ensuite recomposées en fonction de ces souvenirs de périples. Certaines zones étaient alors totalement fantasmées par rapport à la réalité. Cette vision de l’inconnu donnait lieu à la représentation de continents, ou de contrées, tels des monstres marins imaginaires. Avec Google Earth© le monde est presque en train de se clore. On connait à peu près tout, et on se trouve coincé sur cette terre quasiment totalement découverte. Mes dessins se présentent alors telle une nouvelle possibilité d’agencement, en vue de produire un monde quasi parallèle. Cette recomposition, avec une légèreté apparente, pose finalement aussi la question du devenir humain.»


TERRITOIRES RECOMPOSÉS, 2018

Les explorateurs des temps anciens recomposaient les cartes à partir de leurs souvenirs. Géraud Soulhiol reconstitue des mondes, ré-agence des motifs et des images collectés à partir de Google Earth. On peut parler d’une forme de banque de données, des images du monde comme des éléments de décor dans lesquels il puise pour récréer de nouveaux territoires fictionnels, mutants et anachroniques. L’art de jouer avec les échelles, l’utilisation des angles et points de vue, des différentes formes de perspective, des vues en plongée, de la symétrie participent de la puissance évocatrice de ses œuvres.


LES PLONGÉES, 2018

Géraud Soulhiol poursuit avec cette série le projet du Hublot. Nous sommes là, face à une série de gouaches vernies sur porcelaine où le dessin miniature donne à voir des vues satellitaires visant à procurer une sorte de vertige au regardeur. Ces vues, transformées par différents ajouts (pylônes, nuages, etc), nous plongent dans une succession de fictions.


LES PROJECTIONS (Série), 2018

Avec cette série de dessins au crayon sous cadre, Géraud Soulhiol nous propose une tentative visant à projeter le regard dans les paysages «pliés». Ces dessins semblent être pris sur le vif, donnant à voir une nature où les reliefs paraissent mécanisés par l’ajout d’une trame venant les modeler. L’effet immersif est accentué par un jeu de trompe-l’oeil sur les verres des cadres. Des cercles réalisés au pochoir et à la peinture à l’huile dessinent une sorte de loupe qui vient orienter le regard vers une partie des dessins.


LES PORTRAITS (Série), 2018

De la Terre vue d’en haut, passons à la Terre vue d’en bas avec les champignons de Géraud Soulhiol. Peints à la gouache sur des soucoupes à café en porcelaine, ils sont présentés di sotto in su, en contre-plongée, ce qui a pour effet d’accentuer leur monumentalité et leur étrangeté. Tortillant leur chapeau vers le haut pour s’extraire de leur coque, s’épanouissant vers la lumière, solides sur un pied épais et sensuel, ils recherchent la hauteur tout en étant confinés dans leurs cercles à petite échelle. L’horizon, toujours radieux et souriant, sert d’appui à un premier plan devenu hallucinatoire. Les décorations des tasses prolongent le dessin à merveille, tout en les nimbant d’une aura délicieusement kitsch.

Texte de Céline Flécheux